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« Notre méthanisation s’est construite en deux jours »

Afin de valoriser au maximum leur exploitation, les associés du Gaec Delcroix-Duflot ont installé une microméthanisation.

Le Gaec Delcroix-Duflot dans le Pas-de-Calais a fait le choix d’une microméthanisation, afin de valoriser le lisier.

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Dans la commune pas-de-calaisienne de Beussent, Virginie et Ludovic forment un couple d’éleveurs passionnés. À la tête d’un troupeau de 130 laitières, accompagné de 180 hectares, les agriculteurs ont décidé en 2021 de valoriser le lisier. « C’était une volonté d’exploiter au maximum nos produits. Après un moment de réflexion, nous avons choisi une microméthanisation Biolectric de 33 kWh, en cogénération », explique Ludovic.

Un projet bien préparé

Lorsque Virginie et Ludovic ont décidé de se lancer dans un projet de méthanisation, une chose était claire pour eux : ne pas cultiver de Cive (culture intermédiaire à vocation énergétique) et utiliser uniquement le lisier du troupeau. « Ce projet de méthanisation est une manière de valoriser le lisier, avec au passage la possibilité de réduire le volume de méthane relâché dans l’air par le troupeau. Faire une culture uniquement pour l’incorporer au digesteur était donc contraire à ce principe », précise Virginie. Afin de respecter cette volonté tout en restant indépendant, le choix de l’installation s’est porté sur la microméthanisation du constructeur belge Biolectric.

« Avec 130 vaches, nous étions entre les unités de méthanisation d’une puissance de 22 kW et 33 kW, respectivement conçues pour 120 et 150 vaches. Plutôt que d’installer une 22 kW et d’être directement saturé, nous sommes partis sur une 33 kW, avec pour projet d’agrandir le troupeau jusque 150 vaches. Le projet actuel, deux ans après celui de la méthanisation, est l’installation de robots de traite, pour profiter de l’électricité produite », indique Ludovic.

Le mélangeur permet d'incorporer des intrants solides dans le lisier. (©  Louis Duval/GFA)

Une fois que la décision est arrêtée, c’est le constructeur qui prend le dossier en main, plus précisément un ingénieur de projet. Ce dernier effectue toutes les démarches pour la réalisation de l’installation, allant du dossier pour la banque l’assurance, jusqu’au permis de construire, en passant par l’ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement), sans oublier le contrat avec EDF.

Un brûleur se trouve sur le côté de la méthanisation pour torcher l’excédent de méthane, surtout quand du maïs est ajouté avec le mélangeur. (©  Louis Duval/GFA)

Après neuf à douze mois de dossier, en fonction de la zone géographique, il faut compter deux jours de montage. Ce faible temps s’explique par la structure du silo faite de parois en inox. Cette décision du constructeur s’explique par la facilité d’installation et interchangeabilité, tout comme une meilleure étanchéité par rapport au béton. L’agriculteur ajoute : « La seule chose que nous avions à faire, c’était aménager le terrain en amont, avec le raccordement de l’électricité, d’internet et du lisier. »

Un processus classique

L’installation en place, le cycle de production d’électricité peut commencer. Dans un premier temps, le lisier est rassemblé au fond de l’étable à l’aide de racleurs, et cela trois fois par jour. « L’avantage d’avoir des racleurs qui amènent le lisier immédiatement dans le méthaniseur, c’est que la perte énergétique est limitée comparée à une étable avec caillebotis. Avec cette dernière, le lisier est à l’air libre, perdant du méthane qui s’échappe dans l’air et contribue au passage au réchauffement climatique. »

Le lisier amassé passe par un mélangeur à la sortie de l’étable, où il est possible d’ajouter d’autres intrants. « Notre microméthanisation de 33 kW atteint son potentiel maximal à 150 vaches. Avec 130 vaches actuellement, nous pouvons combler le manque avec un peu de fumier, ou du maïs moisi venant du silo. » De cette façon, le digesteur reçoit le lisier qui est conservé entre 21 et 30 jours. Dans ce dernier, on retrouve un capteur de biogaz en haut du mât central, comme un filet en hauteur, captant le souffre relâché par le lisier, évitant qu’il ne passe dans la machine.

Le moteur de la méthanisation est un Kubota de 4 cylindres, modifié pour fonctionner au méthane. (©  Louis Duval/GFA)

Le conteneur à côté du digesteur fait office de salle des machines. Dans un box thermique se trouve un moteur Kubota  4 cylindres modifié pour fonctionner au méthane. Ce dernier génère l’électricité qui est utilisée sur l’exploitation et l’excèdent est reversé sur le réseau électrique d’EDF. La chaleur produite par le moteur peut être redirigée vers d’autres lieux à l’aide de plaques, raccordés avec un mélange d’eau et de glycol, pouvant aller jusqu’au chauffe-eau.

Le système de plaques peut alimenter d'autres locaux en chaleur, valorisant ainsi l'ensemble de la cogénération. (©  Louis Duval/GFA)

Et dans le quotidien ? « Nous passons au maximum 15 minutes à nous occuper du méthaniseur, et cela consiste à faire un tour rapide de l’installation. Certains jours, ne nous venons pas, et tout se passe bien. Le seul entretien que nous avons est la vidange du moteur toutes les 800 heures, ce qui prend moins d’une heure. »

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